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COVID-19 Insight:

Optimiser la gestion de trésorerie durant et après la crise

15 May 2020

Interview paperjam.lu du 15.05.2020

Si les entreprises amorcent aujourd’hui le redémarrage progressif de leurs activités, toutes ont subi l’arrêt économique dû à la crise sanitaire. Un événement qui a pesé lourd sur leur trésorerie et qui implique désormais une vigilance particulière à ce sujet. C’est ce sur quoi nous éclaire Jacques Peffer, Partner chez BDO et Jan Brosius, Directeur de BDO.

Quel regard portez-vous sur la crise sanitaire et son influence sur les entreprises, notamment au niveau de la gestion de trésorerie?

Jacques Peffer: Toutes les entreprises ont été impactées, certaines plus que d’autres bien sûr. Si la place financière et les secteurs qui y sont liés ont su réagir vite, beaucoup d’autres secteurs ont fait face à plus de difficultés pour s’organiser. Je pense notamment à certains de nos clients qui étaient devant l’obligation de fermer leur activité. Même si l’Etat leur est venu en aide financièrement, d’un seul coup, les rentrées d’argent se sont arrêtées et très souvent le recouvrement de leurs créances s’est détérioré. Je tiens d’ailleurs à souligner la créativité dont ont fait preuve les entreprises durant cette crise. Des modèles d’organisation ont émergés en quelques semaines, parfois quelques jours ! Mais il est clair que de nombreuses entreprises sont en train de consommer leur trésorerie. Prenons le secteur de la restauration par exemple, les rentrées de cash sont inexistantes et donc, une bonne gestion de la trésorerie sera d’autant plus importante au moment de la reprise.

Le développement économique mondialisé de ces 30 ou 40 dernières années a peut-être atteint une de ses limites durant cette crise. Il n’est pas impossible que l’économie se reconcentre à l’avenir sur une échelle nationale voire régionale.

Jan Brosius: Il est possible que la crise actuelle ait lancé une sorte de disruption qui risque de se prolonger. Prenons le secteur du transport ou du tourisme de manière générale, il est clair que pour ces acteurs, les effets vont continuer à peser sur leur activité à la sortie de la crise. Le trafic aérien n’est pas non plus prêt de reprendre son rythme de croisière. De nombreux secteurs vont donc devoir se réinventer, réorienter leur stratégie et modifier leur business-model pour s’adapter à une nouvelle donne imposée par la situation ou bien même, voulue par les consommateurs. L’organisation globale des entreprises sera affectée, les méthodes de travail vont changer. Après la crise il y a en revanche une forte probabilité, que les entreprises factureront plus rapidement. Le processus d’émission des factures devra être accéléré, éventuellement ces factures devront-elles être réglées tout de suite, ou au plus tard dans la semaine qui suit une prestation, pour assurer les flux de trésorerie et limiter le risque de défaut des créances. Prenons le cas du secteur de la construction où les entreprises en question avançaient généralement beaucoup d’argent durant la phase de construction. Or, c’est cette liquidité qui manque maintenant. Elles souhaiteront donc peut-être à présent travailler davantage avec des avances ou des acomptes, ce qui ne se faisait pas forcément avant la crise.
 

« Le dévelopement économique mondialisé de ces 30 ou 40 dernières années a peut-etre atteint une de ses limites durant cette crise. Il n'est pas impossible que l'économie se reconcentre à l'avenir sur une échelle nationale voire régionale. »

Jacques Peffer, Partner,  BDO Luxembourg


Quelle attitude et quels réflexes peuvent adopter les entreprises pour assurer le maintien de leur trésorerie?

Jacques Peffer: Aujourd’hui, de nombreux responsables de sociétés ne font aucune gestion de trésorerie ou bien celle-ci est tout à fait « artisanale » et ne consiste qu’à jeter un œil chaque matin sur les extraits bancaires. Sans doute par ce que les entreprises n’ont pas les outils ou les ressources internes, mais c’est quelque chose qui doit absolument changer, notamment après cet épisode que nous traversons. Établir des scénarios prévisionnels est une méthode clé qui devrait être en place dans toutes les entreprises. Pour les moyennes et grandes entreprises, cette structure est plus souvent en place, mais elle peut certainement être améliorée. Pour les microentreprises et PME, qui représentent une grande partie du tissu économique luxembourgeois, cette fonction de gestion de trésorerie est souvent inexistante. Un effort doit être fait à ce niveau.

On voit également que les sociétés ont un horizon de temps très court d’un point de vue de visibilité des flux de trésorerie, souvent à maximum un mois. Il faudrait plutôt pouvoir estimer quelle sera la situation d’une entreprise en matière de trésorerie à 6 à 12 mois, voire au-delà.

Jan Brosius: On a vu les années précédentes que de nombreuses faillites ne sont pas forcément liées à la gestion de l’activité de la société, mais à la gestion de la trésorerie, à des manques de liquidités. Le COFACE (Compagnie Française d’Assurance du Commerce Extérieur) a d’ailleurs estimé que le nombre des faillites en 2020 augmentera de 25% au niveau mondial. La liquidité sera donc très importante pour faire face à la crise et redémarrer l’activité. Il sera sans doute possible de retarder des paiements mais c’est une bombe à retardement si l’on ne dispose pas à la base d’une bonne lecture de sa trésorerie.

Je voudrais pour terminer, attirer l’attention des entreprises par rapport à certaines aides étatiques – ces aides devront être remboursées après le redémarrage. Les entreprises doivent garder ces éléments à l’esprit lors de la gestion de leur trésorerie, tout comme par exemple le report de certains paiements en raison de la crise. Je pense notamment au paiement de la TVA, au paiement des avances fiscales, celui du loyer ou le remboursement des lignes de crédit accordées pour faire face à cette crise.
 

« Faire des prévisions de trésorerie à de simulations et de scénarios est capital pour la survie d'une enterprise lors de cette crise sanitaire. »

Jan Brosius, Directeur,  BDO Luxembourg


Comment BDO peut-elle aider les entreprises pour mener à bien ces opérations?

Jacques Peffer: BDO est le partenaire de tous ses clients et durant cette crise, nous les accompagnons dans leurs démarches, nous les informons des mesures et aides mises en place. Au sujet de la trésorerie en tant que tel, nous avions déjà une offre de service disponible. Nous assistons régulièrement nos clients dans leurs prévisions de trésorerie en tant qu’experts comptable.

Aujourd’hui nous avons en place une équipe dédiée à cette mission, dotée d’un outil connecté et performant qui a fait ses preuves au sein du réseau BDO. Ce dernier peut être alimenté par d’autres sources permettant de réaliser des simulations fiables en matière de gestion de trésorerie.

Avant la crise, nous constations déjà qu’avec les meilleures prévisions, des divergences risquent d’apparaître. Entre l’estimé et le réel il peut rapidement exister une déviation comprise entre 10 et 15%, ce qui peut être catastrophique si le suivie ne se fait pas attentivement. Chaque prévision se base toujours sur des hypothèses, qu’il faut challenger et comparer, par rapport à la réalisation.

Jan Brosius: Faire des prévisions de trésorerie à base de scénarios est en effet capital pour la survie d’une entreprise. Notre offre client comprend ce travail de scénarisations.

Il est évident que la longueur de cette crise influencera totalement sur le rendement et la trésorerie. Et puis enfin, en fonction des scénarios qui peuvent se produire, des mesures correctrices justes et efficaces peuvent être analysées en amont (voir figure ci-dessous). Autrement dit, si vous anticipez un cas de figure lors d’une simulation, lorsque celui-ci survient, il suffit de mettre en œuvre le plan prévu et d’entamer les négociations avec les institutions bancaires en amont d’un éventuel manque de liquidité.